RIP Falardeau

Pierre Falardeau, 28 12 1946—25 09 2009
Distinguez bien la figure de style du fond de la pensée. Et le contenu par-delà le contenant.
Tout seul, je ne suis pas convaincu que j'aurais été capable d'aller jusqu'au bout. Monnonc' est fatigué! (en parlant du comité 15 février 1839.)
Dans ce pays fictif, le plus meilleur au monde, on peut bien nous empêcher de tourner les films qu'il faudrait tourner, mais on ne peut pas, pour l'instant du moins, nous empêcher de montrer les films qu'il faudrait montrer.
Dire qu'on est de gauche ne rend pas intelligent!
L'important n'est pas de bien ou mal parler mais de parler.
Étouffer le politique en faisant du social! Ça ne vous rappelle rien?
Ce n'est pas comique (Elvis Gratton); c'est un portrait de nous pas très reluisant! Il y a des petits jeunes qui, la première fois, avaient perçu le film au premier degré. Ils avaient ri des farces et des coups de pied au cul. Mais en vieillissant ou quand ils arrivent au cégep et que leurs profs leurs disent : Savez-vous ce que c'est, Elvis Gratton ? Avez-vous saisi de quoi ça parle? certains se réveillent.
On va toujours trop loin pour les gens qui vont nulle part.
Moi, Pierre Perrault, je trouve ça 1000 fois plus intéressant que 98% du cinéma américain. Mais on ne peut empêcher le monde de préférer Mac Do! Faut rêver plus haut que Las Vegas.
On est responsable de l'époque où on vit, de la situation où on est. J'ai toujours cru qu'un intellectuel doit intervenir dans la société.
Une oeuvre est à la fois politique, artistique, humaine et philosophique. Je fais des films pour que ça reste. Une fois qu'on sera indépendant, c'est un film qui peut servir au reste de l'humanité.
C'est nos histoires, pourquoi est-ce qu'on n'a pas le droit de se les raconter?
Si tu te couches, ils vont te piler dessus. Si tu restes debout et tu résistes, ils vont te haïr mais ils vont t'appeler 'monsieur'.
Jusqu'aux films de Perrault, je m'imaginais un ouvrier comme quelqu'un de très exotique, en vélo et une baguette de pain sous le bras. Avec lui, je me suis aperçu qu'il parlait de mon voisin, avec sa boîte à lunch et sa casquette de chasse.
Dès mes premiers documentaires, en 1971, j'ai voulu sortir du ton Radio-Canada pour parler au monde des tavernes, dire des choses intelligentes sans utiliser un ton universitaire.
Je trouve inacceptable que les artistes soient coupés de cette lutte (pour la libération nationale de son peuple). Du coup, je déteste de nombreux cinéastes ou artistes qui refusent de prendre position.
Aujourd'hui, contrairement à ce qu'on pense, les artistes ne sont pas à l'avant-garde, ils sont à l'arrière-garde. Ils reculent. Aujourd'hui la société québécoise est assise sur son cul et on a un cinéma assis sur son cul.
Des Elvis Gratton y en a mur à mur au Québec. Aussitôt qu'il y en a un qui meurt, y en a mille qui sont prêts à prendre sa place!
Au Ghana, les pauvres mangent du chien. Ici, c'est les chiens qui mangent du pauvre, et ils prennent leur air surpris quand on en met un dans une valise de char.
Quand un résistant tombe, dix autres se lèvent pour ramasser son arme.
Pour les lâches, la liberté est toujours extrémiste.
Au-delà des lettres de Chevalier de Lorimier, il y a son combat. Et nous devons apprendre les leçons de l'histoire pour ne pas répéter les mêmes erreurs.
Comme si la lutte de libération nationale n'était pas, en soi, un projet de société. Le bateau coule et des passagers veulent discuter de l'aménagement intérieur de la chaloupe. Ramons, câlice! On discutera ensuite de la couleur de la casquette du capitaine ou de la forme des rames. L'indépendance n'est pas le paradis. Ce n'est pas la solution à tous nos problèmes. Mais il s'agit de choisir enfin. Ou le statut de nation annexée à jamais ou la liberté.
Chaque film, chaque maison, chaque poème, chaque robe, chaque chanson que nous créons fait exister le Québec, un peu plus chaque jour. Nos chefs d'œuvres, comme nos cochonneries. Parce que ce sont nos cochonneries. Le Québec existe dans nos rêves. Par nos rêves. Et le jour où nous cesserons de rêver, le pays mourra.
Et quand j'entends hurler les hystériques de l'Ouest de Montréal qui se prennent pour des orangistes d'Irlande du Nord, je me dis qu'il est grand temps d'envisager l'envisageable.
Je me bats pour ma libération et l'indépendance de mon pays.
Un peuple esti, qui a demandé de voter pour la liberté, pis qui vote pour l'esclavage, je trouve ça effrayant!
La lutte pour la libération de notre pays n'est pas une lutte constitutionnelle. C'est une question de vie ou de mort. Ou rester à jamais une minorité de braillards et mourir à petit feu comme à Sault-Sainte-Marie ou devenir enfin un peuple libre et vivre debout. La lutte pour la liberté et l'indépendance n'appartient ni à un parti ni à une classe, mais à l'ensemble du peuple québécois. Chacun, quelle que soit sa langue, son origine ethnique ou la couleur de sa peau, est personnellement responsable. Responsable de tous. Il y a un prix à payer pour la victoire ou pour la défaite. Chacun devra rendre les comptes. Le choix est simple: Ou la liberté ou la mort!
Non mais écoutez, Jean Charest c'est comme Elvis Gratton en blond, c'est exactement pareil!
Non mais, un gars (Jean Charest) qui à 13 ans rêvait de devenir Premier ministre du Canada, faut qu'tu sois taré en quelque part! Non mais toi à 13 ans, tu rêvais de devenir police ou pompier ou de baisser les p'tites culottes d'la p'tite fille d'à côté de chez vous! Mais pas de devenir Premier ministre du Canada!
J'avais quinze ans. Chez mes parents, à Châteauguay, il y avait quatre ou cinq livres, pas plus. Dans le tas, Les Patriotes de David. Je découvrais un trésor.
Moi, ce que j'espère toujours, c'est qu'un jeune, quelque part dans un Cégep, voit mon film et que, dans les semaines qui suivent, il se mette à lire pour en savoir plus et qu'il avance.
Je suis certain que chaque cinéaste, intellectuel, écrivain, sait très bien de quoi ne pas parler s'il veut survivre.
Ça se peut bien que je sois devenu le bouffon de service. Mais dans la cour du roi, le fou, c'est encore le seul qui pouvait dire des vraies affaires.
Ou ben le peuple se lève pis on se donne un pays, ou ben on s'écrase pis on reste une minorité.
Nous ne nous battons pas pour faire inscrire deux mots, genre société distincte, sur un torchon de papier. Nous nous battons pour la liberté et l'indépendance de notre PAYS. Minorité.